Changement climatique
Le rapport spécial du GIEC sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres publié en août 2019 (IPCC, 2019) met clairement en évidence l’ampleur du changement climatique en cours, les interactions avec la gestion des terres et la nécessité d’une adaptation des systèmes de production agricole.
Les enjeux à la fois d’adaptation de l’agriculture et de contribution à l’atténuation du phénomène sont primordiaux.
Les constats à l’échelle globale et les conséquences sur l’agriculture et la sécurité alimentaire
Le changement climatique a déjà affecté la sécurité alimentaire mondiale par le réchauffement, la modification des régimes de précipitations et la fréquence accrue de certains événements extrêmes :
- dans les régions tropicales, les rendements de certaines cultures (par exemple, le maïs et le blé) ont diminué
- aux hautes latitudes, les rendements de certaines cultures (par exemple, le maïs, le blé et la betterave sucrière) ont augmenté ces dernières décennies
- le changement climatique a entraîné une baisse des taux de croissance des animaux et de leur productivité dans les systèmes pastoraux en Afrique
- les ravageurs et les maladies ont déjà réagi au changement climatique dans les zones cultivées, et entraîné des augmentations des infestations dans plusieurs régions.
Aujourd’hui, le réchauffement de la planète est associé à des risques modérés, mais ces risques augmenteront à mesure que la température augmente
En Europe
Le changement climatique a déjà conduit à une augmentation de la probabilité d’occurrence de phénomènes extrêmes en Europe.
L’année 2018 constitue une illustration des conséquences de différents extrêmes météorologiques et climatiques sur l’agriculture.
Une vague de chaleur a affecté l’Italie du Nord, la France et l’Espagne pendant les 10 derniers jours de juillet et les 10 premiers jours d’août.
L’Europe centrale et l’Europe du Nord ont connu un printemps et un été secs et exceptionnellement chauds tandis que les précipitations étaient anormalement élevées en Italie du Sud, Roumanie, Bulgarie et diverses régions des Balkans.
Des impacts négatifs sur les campagnes céréalières ont été enregistrés notamment en France (-8,7%), en Allemagne (-16,7%) et en Pologne (-16,1%), et bien plus encore dans les Pays Baltes et en Scandinavie (-45,3% en Suède).
A l’inverse la production en Europe du Sud a été favorisée par des précipitations plus élevées que d’ordinaire (+16,3% pour la Roumanie par exemple).
Le changement climatique et son impact sur l’agriculture en France
Les constats
L’évolution des températures moyennes annuelles en France métropolitaine montre un réchauffement, avec une hausse des températures moyennes de 1,4°C depuis 1900.
Ce réchauffement a connu un rythme variable, avec une augmentation particulièrement marquée depuis les années 1980, (Figure 3).
Sur la période 1959-2009, la tendance observée est d’environ +0,3°C par décennie.
Les conséquences observées du changement climatique sur l’agriculture
Un certain nombre d’informations générales ont déjà été présentées lors de la description des impacts du changement climatique en Europe.
Le changement climatique affecte depuis plus de vingt ans les systèmes de production agricole sur l’ensemble du territoire (Brisson et Levrault, 2010), mais leur nature et leur intensité sont contrastées selon les sites et les cultures.
L’agriculture s’est adaptée aux changements déjà survenus en faisant évoluer les variétés utilisées et les pratiques culturales (cf. observatoires ORACLE).
Une enquête auprès des unités expérimentales d’INRAE suite aux sécheresses (enquête interne), a par exemple permis d’identifier les changements effectués, mais aussi les difficultés auxquelles peuvent être confrontées les exploitations agricoles.
L’intensité des impacts à venir impose d’accentuer tout à la fois l’objectivation du phénomène et la modification des pratiques, des systèmes et des filières.
Projections climatiques et impacts sur l’agriculture
En prenant en compte ces incertitudes, et d’après le rapport Le climat de la France au XXIe siècle3 (Jouzel, 2014), commandé par le Gouvernement français, les caractéristiques principales du futur climat (2090) en France seraient :
- une augmentation de la température quotidienne moyenne de 2 à 4,1 °C
- une variation de la précipitation quotidienne moyenne de 0,2 à -0,6 mm/jour, avec une variation de la précipitation en été de +0,1 à -1,1 mm/jour et +0,6 à -0,7 mm/jour en hiver
- une hausse du nombre annuel de jours consécutifs de sécheresse (correspondant à moins de 1 mm de précipitation par jour), augmentation beaucoup plus marquée dans le sud-ouest de la France
- une augmentation du nombre de jours de l’année pour lesquels la température maximale est supérieure de 5°C à la référence climatologique : de 36 jours en 1990 à un nombre de jours compris entre 50 et 118 en 2090 (modèle ARPEGE et scenarii A2 et B2 du GIEC).